Par Camille Loty Malebranche
Il est deux stades de Foi: la dogmatique et la dynamique.
A) La foi dogmatique est pour ainsi dire la foi de base de la spiritualité du christianisme qu’il faut toujours percevoir comme un yahvisme acceptant le ministère de Jésus. C’est un embrassement des dogmes de la révélation divine, une foi donc principielle qui croit en Dieu, accueille intellectuellement la doctrine métaphysique relative au christianisme, en suit les principes moraux sans pour autant vivre et intégrer intérieurement dans les moindres remous de la vie croyante, la conscience de la présence divine. C’est aussi et surtout une foi eschatologique qui croit à la rédemption, suit la morale comme voie du salut sans pour autant entretenir une relation bouillante et permanete avec l’être de Dieu. Si ce « croire en Dieu » tout dogmatiquement, dépasse le « croire que Dieu existe » des impies considérant que Dieu est trop lointain trop absent pour le servir, ou le « savoir que Dieu est » des démons trop déchus pour avoir droit d’accès au service de Dieu, la foi dogmatique demeure une forme insuffisante de relation entre l’homme et Dieu. C’est la foi un peu formaliste et intellectuelle de Job avant que celui-ci ait « vu » Dieu dans les épreuves. C’est aussi la foi de Marthe hésitant à rouler la pierre devant le tombeau de Lazare contre la confiance vivante de Marie Madeleine proclamant sa certitude en l’omnipotence du Fils de Dieu à ressusciter son frère mort! De fait, la foi sans l’action intérieure et la confiance totale, finit toujours par congestionner la vie spirituelle et la vie tout court en dressant des pierres devant l’action favorable que Dieu voudrait accorder à l’homme… La foi seulement dogmatique est un peu la foi du jeune homme riche tergiversant et regrettant de tout quitter pour Dieu, c’est tout le contraire de celle de Matthieu quittant son poste et privilège pour suivre le Christ.
B) La foi dynamique, partant des principes et dogmes de la foi dogmatique, va vers la plénitude du vivre avec Dieu, et consiste en une vie selon l’esprit qui emplit tout l’être et l’action de son tenant. C’est la foi des grandes figures spirituelles, agissante comme celle des apôtres qui ont évangélisé le monde, proactive comme celle de Moïse marchant vers les eaux de la mer Rouge comme vers une rue passante quand Pharaon et son armée poursuivait le peuple conduit par l’illustre pâtre de Madian. C’est une foi-action combative comme celle de Jacob retenant Dieu dans un combat pour lui prendre ses bénédictions. La foi dynamique est en tout point conquérante. Elle part de la conquête de soi, action métaphysique (comme individu et comme incarnation de l’espèce) de la personne humaine en accomplissement spirituel. C’est la foi de David s’écriant « Oui, le bonheur et la grâce m’accompagneront tous les jours de ma vie, et j’habiterai dans la maison de Yahvé jusqu’à la fin de mes jours ». C’est la Foi que j’appelle un mitsein humano-divin, où l’homme vit dans le milieu divin, le royaume de Dieu que sa vie devient malgré les vicissitudes de ce monde infect et illusoire qui s’en va.
La foi dynamique est la véritable. Car la foi quand elle est vraie, doit arrêter tout « matérialomorphisme », toute perception du spirituel et de la spiritualité à travers les grilles dénaturantes du matériel pour reconnaître l’esprit comme un monde intégral, un monde à part entière et parallèle. Le monde spirituel est un tout autre par rapport aux dimensions mesurables de la matière, au schème des mensurations logiques et rationnelles des hommes. La foi dynamique est cette prise en compte de la sphère entièrement différente de l’esprit dont la conscience supérieure sait que la destinée finale de l’homme est strictement spirituelle, métaphysique, par delà la chair et le sang, tout en étant certain que dans le temporel, l’esprit soutenu de Dieu, notre Père, l’Esprit originel, peut bénéficier de faveurs impossibles au monde dit normal, faveurs inimaginables pour le schème strictement rationnel. C’est cela que Moïse et Marie Madeleine nous ont montré, c’est celle que Jésus mort en sachant que le Père le ressuscite, nous prêche pour nous l’avoir démontrée et prouvée.
La Foi dynamique est plénière et totale, elle doit constamment s’acquérir par la prière et la confiance en l’amour du Père. La Foi, la véritable, est une suprarationalité métaphysique qui rejaillit sur tous les aspects de la vie de l’homme conscient de sa nature d’esprit fils du Dieu-Esprit.
CAMILLE LOTY MALEBRANCHE
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