Par Camille Loty Malebranche

Nous sommes au temps sombrement sinistre des establishments choisissant les pires bouffons pour "diriger" les pays, désignant et présélectionnant de pathétiques doublures pour faire de la figuration dirigeante à la tête des États. Mimésis grotesque et terrible, on ne peut plus déroutante pour les peuples et dénaturante de la politique qui était jusque là, champ d’action du politique pensant au pouvoir, du politique qui projetait et réalisait quoique souvent indignement les tendances et vœux sociaux représentés ! Mais aujourd'hui, hélas, le temps du chef politique élu et gouvernant l'État a pris fin en de nombreux pays!
D’insignifiants farceurs font le pitre au nom de la petite classe du pouvoir: ici, un président matamore manipulé signant des lois grossières, là, un premier ministre de la gauche droitière, ailleurs des pseudo-nationalistes, tous associés à la bancocratie mondiale, au financiarisme international, sans oublier certains élus, extrémistes de service, utilisant des terroristes quand cela sert les intérêts macabres d'une géopolitique dictée par des oligarques. Tous incarnent sournoisement une sorte de droite extrême interventionniste, tendant à un terrorisme d’État inavoué. Nous vivons dans la faune politique, en occident à tout le moins, ce que Nietzsche appelait « les temps des derniers des hommes ».
Pourquoi alors des chefs d’État payés et honorés s’ils sont tellement veules, inconsistants et félons des espoirs des votants? Pourquoi accepter, par des élections, de faire changer de masques sans changer de face à un système!? Nous répondons que c’est pour qu’il y ait des farceurs à faire l’histrion au spectacle niais et débile de la gouvernance fantôme, au nom des establishments ploutocrates. Car c’est un pouvoir ludique que de se moquer de tous en leur prenant tout ! Le politicien est aussi un bon paillasson sachant bien jouer le rôle d’éponge des oligarques en face de la société. Dans de nombreuses occurrences électorales, il est obvie que la fonction présidentielle, en effet, a perdu son prestige et surtout son sens et sa vraisemblance ; et par cette désignification, la dignité et la moralité étatique sont savamment éclipsées, puisque l’État est totalement accaparé par la mafia oligarchique inavouée des establishments financiers et des multinationales qui, les uns et les autres, lui imposent leur férule et font tout pour réduire ledit État au strict stade répressif de gardien de leur ordre économique au dédain du social.
Dans cette perspective, où l’État décideur est valétudinaire voire moribond parce que manipulé pour l’effacement et prostitué à l’économie triomphante, où le monde s’oriente vers un statut de marché gouverné par les aléas boursiers, où les états sont de plus en plus des sortes de succursales des multinationales ; la démocratie n’est plus l’expression des libertés populaires mais la légitimation des choix économiques de l’oligarchie ploutocratique mondiale qui justifie l’ère de l’économisme planétaire derrière les leaders votés par les masses espérant le changement à leur misère. Masses désarmées devant leur sort parce que désorganisées et débilitées par la propagande, cherchant désespérément par le bulletin de vote, à exprimer une souveraineté que les establishments - protégés et dissimulés par la kunée du système politico-économique de l’État prisonnier de leurs caprices, servis par le zèle infect de la plupart des chefs d’État et de gouvernement - ont longtemps déjà ôté du ressort des peuples.
Nous vivons l’ère de la mort du politique auquel se substituent des figurants sur trône à la solde des banques, sans envergure personnelle. C’est littéralement la disparition de l’homme politique encore orienteur de conscience! Aujourd’hui la peopolisation a supplanté la pensée et le spécialiste ou technicien (d’ailleurs souvent stipendié) a remplacé le penseur. La logorrhée d’économisme, le financiarisme soi disant rationnel pourtant tellement aléatoire des bourses, a éteint tout discours social. Le politique est mort, ne règne que le politicien plat, crapuleux sans autre perception de la politique que la prostitution de l’État aux establishments immondes contre la société.
Mais la question pertinente est : que font les peuples contre ceux qui leur reprennent peu à peu tout ce que leurs parents des siècles derniers ont acquis par le militantisme discursif, par le fusil, par le syndicalisme!?
Le blâme des horreurs de l’histoire, tel le nazisme, cache pernicieusement la vérité des horreurs présentes et actuelles de la souffrance multiple infligée par l’économie. L’écologisme, cette singerie de la vraie politique écologique à mener et qui sévit dans toutes les propagandes people, a supplanté - dans les talk show, les documentaires officiels et les bulletins d’information - les vrais débats sur ce qu’il faut appeler l’étiologie de l’écocide contemporain c'est-à-dire les causes socio-systémiques du mal du mode de vie socioéconomique dévorant l’environnement, dénaturant le mental des humains que le système réifie en les instrumentalisant pour enrichir quelques-uns.
Seuls les peuples, parce que seules forces capables de freiner le désastre multiple, peuvent décider la fin des aberrations de la démocratie oligarchique des ploutocrates.
Je dis qu’il ne faille pas désespérer des peuples et de leur possibilité de rebond!
Gare aux groupuscules prédateurs obnubilés et aveuglés sous les toitures d’or de leur pouvoir sans se soucier de la fragilité de leur base inhumaine. Gare aux prédateurs de l’humanité qui sous-estiment la puissance de possible réplique de la proie humaine. Gare à ces oligarques sans foi ni loi qui oublient la noblesse révolutionnaire de l’humanité manifestée tout au long de l’histoire quand les humains sont poussés aux confins par des impostures systémiques et oligarchiques!
CAMILLE LOTY MALEBRANCHE
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