Par Camille Loty Malebranche
Si votre justice ne dépasse pas celle des pharisiens et scribes, vous ne verrez pas le royaume de Dieu. Jésus (in évangile selon Matthieu)
Dans l’exergue susmentionné, Jésus rejette le conformisme social nécessairement sale parce qu’hypocrite. Après les fameuses Béatitudes, somme synthétisant les éléments de la méliorativité comportementale, expression parfaite du bien spirituel avec les mises en garde contre les déviances contraires à la vie de l’esprit, le Verbe de Dieu fait homme, Sauveur qui insiste sur ses deux dimensions en s’appelant lui-même Fils de Dieu et Fils de l’homme, nous dit la vérité intérieure et transcendante de la justice. La justice est avant tout une posture mentale, un ancrage dans sa vérité spirituelle par l’homme imago Dei, conscient plénier de sa nature. L’homme juste est un contemplatif de l’infini divin dans le cosmique mais aussi en lui-même. C’est un transfiguré par l’imprégnation de son être par l’Ineffable divin prenant possession de lui, et qui introjecte et manifeste autant que possible dans la chair, la perfection divine, appétence qui féconde sa perfectibilité, affûte sa quête perpétuelle d’amélioration de soi. Ce n’est pas que réflexion du divin qui ferait de la vie de l’homme, comme un éclat satellitaire reflétant le soleil dans la nuit, mais une vraie émanation de l’intérieur de l’esprit rayonnant à la flamme des splendeurs spirituelles au-dessus des limites du charnel malgré la peccabilité du juste c'est-à-dire le croyant que Dieu justifie. L’homme juste vit sa vie sous la toute-puissante lumière sans ombre du Paraclet l’accompagnant et le conduisant ici-bas. Le juste répand en théophore conscient la lumière et les magnificences de Dieu comme une ignition omnipotente dévorant, consumant toute ténèbre et toute faiblesse, car si le juste reste pécheur par sa peccabilité naturelle ici-bas, Dieu le préserve dans la justice et orchestre la victoire sur toute chute qui advient sur le chemin de l'homme de foi.
L’hypocrisie institutionnelle, ennemie majeure de la justice.
Le Christ parle des pharisiens et scribes dans sa charge implacable contre la justice formelle formaliste de l’ordre socioreligieux. Revoyons ces figures de la tradition judéenne du temps du ministère du Fils de Dieu marchant au milieu des villes, salissant ses pieds dans la poussière de cette terre des finitudes parmi de banals mortels… Le scribe et le pharisien étaient des privilégiés du hiératisme, des boutiquiers, pour la plupart, de la religion officielle vendue aux masses pour asseoir l’autorité temporelle des prêtres et des rois.
Les scribes et les pharisiens, en leur écrasante majorité, comme toute crapule dominante, tout prédateur qui veut asservir son semblable pour profiter de son aliénation - plutôt que de partager la Vérité avec les humains, vérité que du reste, ils ne s’étaient pas donné la peine d’acquérir ou d’accepter - distillaient idéologiquement une phraséologie liturgique et rituelle comme fond cultuel pour fasciner et soumettre le peuple en instrumentalisant le saint nom de Dieu. Là, ainsi que c’est couramment le cas de nos jours, la théologie hiératique aura été dans la plupart des occurrences, un tissu de monstruosités asservissantes au profit des prédateurs de peuples.
La justice qui est d’abord la dette de la créature humaine au Créateur - dette de Foi et d’amour par la prière permanente, l’adoration, et la charité envers le prochain - est devenue un instrument théologique à travers des rites et célébrations coiffés de l’homilétique solennelle, confuse et manipulatrice des pontifes et de leurs assesseurs imposant et sacralisant l’ordre social infâme des oligarchies aux masses. D’où le conformisme s’exhalant méphitique et mortel des miasmes du formalisme religieux de quasi tous les temps! Jésus nous dit que Dieu n’est pas dans les formes mais aux tréfonds du for intérieur du véritable adorateur qui se sait redevable de l’être à son Créateur et Lui consacre mentalement tout en retour. C’est là, toute la Justice humaine cultuelle que Yahvé, le Père approuve. Tout cela rendu possible par la foi en les mérites christiques qui confèrent à l’homme, la justification auprès du Père qui nous applique la dignité du Fils expiateur. La Justice n’est donc possible que par la Foi en Dieu et l’acceptation de la justification en Christ.
Non, la justice formelle, socialement et métaphysiquement conforme des scribes et des pharisiens, si elle attire les hypocrites et les mollasses cherchant une sainteté d’apparat, une religion pompeuse, ne vaut rien aux yeux du Dieu de Vérité qui regarde aux profondeurs des élans et motivations de l’homme. Nul ne trompera Dieu en se couvrant des rudiments excentriques, majestueux de la religion institutionnelle; religion ô, combien immonde et injuste dans la facticité formelle des pontifes et des prêtres de l’ordre du monde et de sa justice!
CAMILLE LOTY MALEBRANCHE
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