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Par Camille Loty Malebranche

 

L’homme est ce qu’il assume. De ses deux possibles de transcendance à accomplir ou de déchéance à refuser, tout dans l’homme tient d’un oui qui choisit d’assumer le rapport à l’être selon la représentation du soi espéciel et de l’eccéité personnelle. Tout le regard de l’homme s’étaye par le prisme des représentations qui sortent de lui. De sorte que la réalité humaine est de part en part prédéterminée dans la matrice de l’imaginaire. Les paradigmes, les visions du monde, le sens et les significations y sont inscrits.

 

Qu’espérer de l’humain à l’heure de la systématique déstructuration du mental collectif par l’altération des paradigmes systémiques et l’ironie du sens sciemment mis en crise et dénaturé par les forces de l’idéologie dominante, la famille, l’école, la religion officielle et leur mainmise sur les médias ? Est-il possible d’envisager un imaginaire qui, tout en procédant de ce qui est dans le social et le culturel, soit autonome, échappant aux puissances lugubres qui subvertissent jusqu’à la définition de l’humanité qu’elles anticipent et déforment chez l’individu ?

 

À ce stade de l’évolution où l’érotisme crural d’une chanteuse et les images suggestives, salaces du string d’un transsexuel valent mieux en côte de popularité et en approbation que toute pensée élaborée, où le petit animateur musical lambda, adoubé par la presse people, en ajoutant « en haut, en bas » à de vieux airs revisités, est fait millionnaire et gigolo républicain pour la masse nouvellement lumpénisée d’une culture décomposée, le combat pour la libération de l’imaginaire est devenu plus ardu. Car aujourd’hui l'imaginaire collectif sous la houlette du maître de scène médiatique est réduit aux clowneries d’une certaine littérature de l’instinctuel flattant les foules majoritaires jusque dans leurs plus viles grivoiseries qui dictent la politique éditoriale des éditions mainstream et des œuvres dites de fiction marginalisant l’art véritable à grands coups de surenchère publicitaire des médias.

 

Tandis que le combat louable, quand il est bien mesuré, contre la maltraitance animale gagne du terrain partout dans la théorie - théorie malheureusement déviée par ses snobs et ses pharisiens en mal de paraître à la page, ses pseudo-intellos au langage bâclé, baragouineurs de mode érigés en discoureurs officiels - l’humain est sacrifié à l’autel anthropocide de l’anti-intellectualité et de l’anti-spiritualité; la spiritualité et l’intellectualité authentique se voyant substituer des mouvements contrôlés par l’establishment liberticide, de la croissance personnelle pour le bon fonctionnement dans le monde malsain et son mode de vie immonde tel qu’il est, où l’individu doit apprendre à s’assimiler. Nous sommes ici loin de l’enseignement spirituel du Christ qui dit d’abandonner le monde et ses boulevards pris d’assaut par le grand nombre égaré qui ne sait où il va. La démocratie factice des ploutocrates au pouvoir mise sur la foule et la « vulgarisation » du mental individuel qui doit être à la traîne et aux basques des majorités brutes pour être socialement correct.

 

Assumer l’humanité comme esprit avec toute la projection métaphysique et morale qui s’ensuit, tout en usant des produits matériels de la civilisation qui rendent la vie plus agréable, est aussi la voie à toute éducation humaniste; ce qui constitue un vrai défi pour tout éducateur non systémique non payé pour reproduire le social aliénant aliéné tel qu’il est aujourd’hui.

 

Au moment où les plus grandes conquêtes et applications  des sciences et technologies sont utilisées pour briser la communication détournée par les écrans, figée dans le virtuel et ses illusions de communication façonnant les désinformations instillées par le système aux foules utilisatrices ; où l’environnement épistémique côtoie un recul cinglant du niveau de penser et de l’aptitude du grand nombre à juger avec autonomie de ce qui se fait autour de lui, le combat nouveau des éducateurs de la libération, est de réapprendre aux hommes le désapprentissage pour la spontanéité cognitive, pour la réappropriation du jugement autonome, de l’entendement pensant par lui-même ayant appris à métaboliser la weltanschauung personnelle et l’imaginaire qui la sous-tend. 

 

CAMILLE LOTY MALEBRANCHE

Copyright © CAMILLE LOTY MALEBRANCHE - Blog INTELLECTION -  2016

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Tag(s) : #Monde du Concept
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