La métaphysique de l’histoire

Par Camille Loty Malebranche

(Histoire, pour une révolution de l’essentiel)

L’histoire est à la démesure des horreurs: l'iniquité éhontée des prédations magnifiées, l'ignominie des injustices répétées, la salissure du crime héroïsé, l'abomination manipulatrice de la duplicité politique, la prépondérance de la violence létale et la délétère volonté des plus forts de soumettre les plus faibles jusqu'à l'écrasement. 

Notre histoire d'effusions de sang, d'injustices, d'hécatombes à répétitions et de dominations allant jusqu'aux confins de la réification de l'homme par l'homme, sciemment essentialisées à travers les nationalismes, chantées par nos épopées et justifiées selon des arguties idéologiques tant séculières que sacrées maquillées en doctrines humanistes, n'est que le reflet spéculaire fidèle et effrayant des déchéances d'une espèce indigne de sa nature. 

Réorienter le présent pour fonder une nouvelle histoire...

Il faut une révolution globale ontologique de l'homme pour faire autrement l'histoire que l'espèce s'écrit dans ce qui constitue l'actualité. Pour parler révolution, nous disons que le spirituel ne peut être rejeté dans une perspective révolutionnaire, car détruire toute spiritualité, bannir le spirituel et Dieu, c’est nier l’homme lui-même qui est esprit.

Il faut respecter la vraie transcendance inscrite en l’essence humaine pour aider l’homme à dépasser les factices transcendances des religions institutionnelles qui l’aliènent. La monstruosité de la révolution d’octobre, les racines de son inhumanité, c’est qu’elle a brandi le meurtre du spirituel pour bêtement élaborer un ordre matérialiste exclusif, et, ainsi dès le départ, a raté la principale dimension de l’homme réduit au matériel et à la poussière.

Libérer l’homme ne peut être en dehors des schèmes essentiels de sa quiddité métaphysique qui, précisément, exige la dignité de la liberté, de la justice et de toutes les émancipations que sous-tendent l’une et l’autre.

Substituer un matérialisme vulgairement athée au matérialisme vénal du capitalisme - cette tératogénie systémique qui institue un sacré de l'accumulation, façonne la facticité d’un dieu complice des puissants criminels et prédateurs du monde, réinvente l’absolu, dénature la déité en idole garante de son pragmatisme au gré de son utilitarisme avaricieux via ses institutions religieuses, ses curies, ses églises, ses prêtres, ses pasteurs, ses mollahs voués à assurer la soumission sociale aux tenants du grand capital sacralisé par le satanique culte officiel - n’est que perpétuation de l’aliénation de la nature humaine instrumentalisée pour le système socioéconomique, amenuisée, asservie pour le mode de production-consommation.

Penser la libération de l’homme ne se peut que par la prise en compte du sens de son essence à la fois transcendante et matérielle à qui tout bien est dû, pour le bien-être de qui, tout pouvoir temporel est mené, et au profit de qui tout ordre social et étatique doit être strictement conduit sinon enrayé. La nouvelle métaphysique de l'histoire à écrire dans la politique réinventée, exige que tout pouvoir doit être soumis à la gloire de l'humain comme essence dominante qui lui prête sens; le pouvoir n'existant que pour l'homme, il devient abominable si jamais il déroge à cette ascèse supérieure du bien des hommes, sa raison d'être.

CAMILLE LOTY MALEBRANCHE

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