Au stade métaphysique, la crainte nous empêche d’obtenir par la puissance de la prière opérante. Dans la vie courante, prédicat que je préfère à profane, la crainte orchestre la petitesse et transforme le craintif individuel ou social en marchepied des monstres de l’impudence méchante qui l’utilisent et règnent à ses dépens. La crainte fait de l’homme une maison divisée contre elle-même, un marchepied des dominateurs et esclavagistes de tous ordres.
La crainte enfante la forclusion mentale qui dévie, dénature l’action qu’elle dégrade en gesticulation mollasse sans conviction, par une sorte de repli sur soi de la conscience trop freinée pour oser être proactive. La crainte transforme sa proie en traînard d’autrui et fait de toute adversité une fatalité imaginaire pour le craintif. Le craintif est le prototype même de l’inapte qui s’englue dans le figement pour ne pas échouer, pour ne pas être jugé, ne pas se révéler faible… C’est là, l’aberration du jugement lacunaire et bêtement autofreinant du servile entendement de la crainte, car craindre d’agir et de se manifester par ses propres prises de position, est un des abysses de toutes les faiblesses et servitudes qui amenuisent un humain. L’homme qui ne se définit par ses propres choix sera fatalement l’instrument inconscient, chose vilement utilisée dans le cours de l’action globale.
Le craintif est l’accommodant informe et veule, qui accepte tout, renonce à combattre le mauvais et préfère se soumettre au mal qui lui paraît toujours hors de portée de ses forces sans qu’il ait jamais imaginé une stratégie de lutte. Ainsi, le tempérament craintif est un des plus répandus; et, comme une espèce dans l’espèce, elle est innombrable en notre société de complaisance avec le pouvoir des prédateurs de la finance, de veulerie face aux sexualismes agressifs, de stupidité devant la désinformation idéologique qui berne et écrase tous pour quelques-uns, d’idolâtrie des religions institutionnelles parce que le craignant est trop couard pour vouloir vivre la vérité spirituelle en deçà et par delà le cérémoniel.
La crainte est une rencontre incontournable sur le chemin de l’homme mais sa culture, l’abandon à ses affres, est infrahumaine. L’abandon de soi à la crainte enclenche la déchéance des principes par lesquels l’individu se construit personne humaine ipsocrate et le groupe, force sociale vraiment morale exigeant l’isocratie démocratique.
La crainte est l’antichambre de la démission existentielle, l’effacement de la conscience volontaire et choisissante à quoi, elle substitue les ersatz de la résignation par déni des pouvoirs conscientiels, le réflexe de la sujétion par indignité à assumer les grandeurs de la nature spirituelle emplie des forces intellectuelles et actionnelles qui caractérisent l’homme.
Le contraire de la crainte est l’audace noble qui fait de l’homme le conquérant de soi, le constructeur de son être déjà en plan dans sa conscience métaphysique, sa vocation intérieure.
Ma suggestion à vous comme à moi? Soyons toujours des audacieux ontologiques, et que périsse ou, à tout le moins, que soit tue toute force de crainte intérieure ou extérieure ainsi réduite au silence par la transcendance proactive de nos idées et de nos sentiments constructifs loin des perceptions autodestructrices et conceptions autolimitatives de notre être!
Que vienne le refus agissant qui renverse les murs prétendus infranchissables dressés par les forces liberticides et mortifères exploitant leur terreau favorable de nos faiblesses que sont nos craintes! Qu’enfin par la grâce de Dieu et notre volonté forte et active dans la foi, vivent en nous, les pouvoirs de notre essence humaine!
CAMILLE LOTY MALEBRANCHE
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