Par Camille Loty Malebranche
Je suis venu, j’ai vécu et surtout j’ai vu !
J’ai vu le dédale de la vie et du social
Écrouer l’homme dans son cul de sac
J’ai entendu et compris toutes les aberrations
Et tous les mensonges, montagne d’infamies
D’une génération de peine de folie et de haine
J’ai vu le spectacle des guerres civiles
Et des conflagrations entre nations
J’ai vu des soldats tirer sur des femmes
Qui réclamaient du pain et de l’eau
Et sur des enfants qui pleuraient leurs pères morts
J’ai vu des bombes détruire des pays, des villes et des peuples
Pour défendre l’opulence des cartels et des trusts
J’ai vu des hommes sabrés pour un baril de pétrole
J’ai vu des étoiles d’argent et d’or décorer des sicaires et honorer des généraux maniaques de sang,
Charcutiers infâmes toujours inventeurs de charnier !
Ah! Macabre exequatur! Quadrature des espaces aux lanternes inversées!
Hécatombe d’âme et de peur d’une humanité perdue à elle-même !
J’ai vu tout cela mais je n’ai pas vécu
Car on ne vit pas dans la dévale des terreurs qu’engendre la mort des valeurs !
Comment vivre la bête puante et son vide sanglant au pouvoir, bas-fond intronisé d’insignifiance dans l’abysse flottant du paraître et des envers,
Où savants et hommes d’État inventent la mort au bras du rire!
On n’y fait que tout voir du Léviathan plural, Moloch interventionniste !
J’ai vu l’église s’aheurter à défendre et encenser les riches, les puissants et les sordides.
Anthropophage bouche, béatitude ogresse des béances malsaines, fongiformes.
Dieu ! Que d’indulgences fangeuses et de fiente noircissent les curies !
Que d’éternelles idoles bénies, psalmodiées sans pudeur aux balises ténébreuses !
J’ai vu la famille et l’école reproduire
Les monstres d’aujourd’hui pour les temps de demain, moulure de faux, moulage de mécréance !
Et les mots blasés, délavés, réinventés tentent encore, abîmes profanateurs,
De couvrir l’inanité des institutions de l’immorale pureté des formes.
J’ai vu toutes sortes d’énormités et d’immoralités et d’allure contrenature où les Chantres livides, utopistes menteurs du marché immolent le sens,
Nihilistes et instigateurs qu’ils sont du désespoir séculaire-séculier, battements de vacuité
Je suis venu, j’ai vécu et j’ai vu
L’Amour-marchandise au comptoir des profanes, éclipser nos mages, nos archimages.
J’ai vu le spectacle des temples brûlés
Des bergers tués
Des autodafés de mots et de préceptes
Le linceul des bassesses s’étendant sur le Beau
Toutes sortes de profanations et de crimes
Des autels dressés contre l’innocence, clarté scalpée où hiberne le jour,
Échafauds d’imposture, de désespérance contre le Véritable, Soleil Sinistre des rationalités inhumaines, monstrueuses!
J’ai vu l’absurde surgir des abysses de la désescalade;
Car toutes mes visions et mes contemplations blessées, élégiaques évocations du triste cinoche de ce monde de troubles et de malheurs,
Signifient la chute de l’homme, sujet-objet du sacré
Et la mort de cette vérité figée, ensevelie au feu de l’expression
De l’être de pensée, de l’être d’action.
CAMILLE LOTY MALEBRANCHE
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