Le concept Bénédiction, réservation et consécration spirituelle.

Par Camille Loty Malebranche 

La bénédiction est l’acte par lequel, Dieu désigne et investit un être comme étant sien. Au niveau des situations de la vie courante, la bénédiction signifie la protection divine qui transforme tout en bien de celui qui croit. Que je mange, si j’implore Dieu de bénir ma nourriture, cela veut précisément dire que je lui demande de faire de mon repas, quelque chose qu’il consacre spécifiquement dans son pouvoir purificateur et bienfaiteur, pour le bien à mon être global. C’est donc la réservation déitaire de l’étant béni dont Dieu affirme l’exclusive appartenance à sa gloire démiurgique, Lui, l'Être Créateur qui a originellement tout créé bon et pour sa gloire. 

Dans les relations interpersonnelles de Dieu avec les esprits (anges ou hommes), la bénédiction implique une volonté de vivre ensemble selon le principe divin interspirituel qu’est l’Amour. D’où, la seule bénédiction possible à l’homme en ce bas monde, c’est la Foi spirituelle, seul accès du royaume terrestre de Dieu, seul mode possible de vie intérieure, d’union d’amour avec le Père Créateur dans l’ici-bas où nous marchons vers le royaume céleste. 

La bénédiction est pour l’homme, l’espace de la grâce et de l’action de grâce par la consécration spirituelle. Grâce de Dieu comme faveur qui rend perfectible le béni en tant qu'esprit qui croît sans cesse en son essence, réservé à Dieu, portant la puissance de la faveur divine. Action de grâces par l’esprit qui offre à Dieu, son être qu’il reconnaît comme un don divin. L’homme béni, bénit Dieu en se réservant lui-même pour Dieu. Bénir Dieu, c’est faire de son être et de sa vie entière, une offrande, une action de grâce à Dieu.  

La bénédiction est en soi une valeur duelle de la spiritualité selon qu’elle vienne de Dieu ou de l’homme. Dieu bénit en se réservant ce ou celui qu’il considère sien et qu’il protège; l’homme bénit Dieu en rendant grâce et en se consacrant spirituellement à lui! Force, ici est de remarquer que Dieu est le seul être digne de nos bénédictions, étant Créateur Dispensateur d'être à qui nous nous devons. Quant aux bénédictions prononcées par un homme sur un autre, ce n’est jamais que l’imploration de la grâce divine sur cet autre. Être béni de Dieu, c’est avoir la faveur divine rapprochée. La Création a été bénie par le Créateur ayant jugé l’excellence du bien-fondé de son œuvre, cette immense théophanie qu’est le cosmos, où le mot Dieu, Être suprême, prend tout le sens qui lui convient. Et, à la petite sphère de l’homme, être béni, c’est avoir la faveur divine, être réservé par et pour Dieu avec sceau de son Paraclet. Ainsi, seuls les fils de Dieu par la foi, dépositaires du don ontologique de Dieu qu’est l’Hypostase appelée Saint-Esprit de Dieu, peuvent se targuer de bénédiction.

Pour l’homme spirituel qui a reçu la rédemption christique, la réhabilitation de la créature humaine dans la sphère divine tient à la fois de la bénédiction de Dieu sur l’homme élu, que le Paraclet met à part et de la bénédiction humaine comme consécration à Dieu. C’est pourquoi, le sacrifice du Christ est ce qui nous fait effectivement fils de Dieu. Car la propitiation divine que Jésus nous a acquise, à nous qui croyons à la vocation de l’esprit à être fils de Dieu, consiste précisément à vivre selon la vérité de notre nature en ancrant la déité immanente de l’esprit que nous sommes. Ainsi Dieu est pour nous Père en tant que nous avons la conscience d’avoir émané de Lui et d’être à Lui. La bénédiction, pour l’homme de foi, est l’ascension dans le statut de fils de Dieu où il est l’oint, le béni de Dieu. Là, il faut comprendre que tout humain qui naît, est un projet de fils pour Dieu. Projet divin que l’appel intérieur intuitionnel de la vérité divine et la connaissance des lois de la morale spirituelle permettent à chaque esprit de réaliser selon que celui-ci le veuille par la foi, par sa réponse positive à l’offre de Dieu à l’humanité!

La bénédiction divine est pour l’homme, le don du stade de la foi qui permet la naissance de l’esprit à lui-même, orchestre le dépassement spirituel constant du monde du béni par l'aptitude reçue à avoir le regard fixé sur Dieu dans une vie intérieure ennaturée où l’ancrage de l’esprit en sa vérité, permet la fusion avec Dieu dont il est le fils.

La bénédiction divine fait du passage qu’est l’existence terrestre un voyage spirituel où l’homme de foi, homo viator conscient doté de tous les dons paraclétiques en viatique complet tant spirituel que temporel, vit par la foi, la fusion spirituelle avec Dieu. La vie de l’homme béni est celle de l’hôte divin conscient d’être l’esprit qui reçoit Dieu dans l’humilité de son habitat corporel fait temple divin en sa vie de transcendance métaphysique où il connaît par la foi, le mystère divin au niveau liminal, subliminal et comportemental comme une expression permanente du soi qui est esprit.

La bénédiction divine est la consécration de l’esprit de l’homme que le Paraclet pourvoit de l’hyperconscience de sa propre spiritualité d’où il peut vivre avec Dieu. C’est dans ce sens strictement métaphysique que Jésus le Christ dit : « à celui qui a, l’on donnera encore ». Donc, c’est en celui qui est conscient du soi-esprit qu’il est et qui rencontre Dieu dans ses profondeurs où il vit sa ressemblance d’imago Dei incarné, que le Paraclet transmet son hyperconscience, que le Père se donne et que le Fils, par ses mérites, déverse ses grâces justifiantes, salvifiques. Car l’esprit, tout esprit pur ou incarné, qu’il soit ange ou homme régresse et déchoit sans l’union avec Dieu, et alors devient mortel comme la matière. C’est là, l’involution cinglante pour une essence vouée à vivre éternelle.    

La bénédiction divine sauve l’esprit des affres de l’illusion. J’appelle illusion métaphysique tout mode de vision et de vie où priment l’impermanent et le fini au détriment de l’éternel et du divin méconnus. C’est la perte de soi par la confusion où le temporel efface l’éternel, où la finitude refuse et nie l’infini.

CAMILLE LOTY MALEBRANCHE    

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