La vraie culture, prolongement entéléchique de la nature humaine.

Par Camille Loty Malebranche

La culture vraie et dignement assumée est le prolongement de la nature humaine à la fois dans le rapport à l’univers, au social et à soi que l’homme manifeste tant sur le plan immédiat de l’usage que sur celui médiat de la représentation. Là où la nature est règne de l'animalité spécifique à l'animal humain porteur d'esprit à cultiver, la culture est la marque paroxystique de l’homme par l’émergence de cette chose exclusivement humaine, propre à l’intelligence humaine: l’entendement et sa faculté de raison assumant la nature.

À l’échelle sociale, la culture, plus qu’une fonction différentiante identitaire, est l’englobant, le macrocosme mental où s’enracinent tous les réflexes et réactions d’une civilisation. Abandonner la culture d’un peuple aux spécialistes investis « intellectuels » officiels - ces affairistes et mercenaires sinistres de la culture, qui, aujourd’hui prennent la parole en la polluant et la galvaudant - est une gageure, un déni du droit à l’évolution collective méliorative des humains dans leur interaction sociale. Car parler à l’échelle des médias de masse (mass media) est une lourde responsabilité que la faune idéologique manipulatrice ne saurait assumer, et leur dénaturation intéressée en corrupteurs du sens, équivaut à un crime par omission de la vérité, quand ce n'est simplement de la duplicité délibérée, du mensonge manipulateur pour la prépondérance des oligarques séquestreurs d'État. Les mass media, aujourd’hui désignés surtout par le vocable « médias mainstream » même si désormais les blogs et les médias sociaux font partie des mass media, sont bombardés des germes malsains de la reproduction d’un ordre inhumain aux dépens des individus-objets que l’on fabrique par toutes sortes de conditionnements pour servir servilement les grandes structures marchandes et financières. 

Communiquer l’humanisation dans l’espace public, c’est s’adresser à la raison des hommes, (car la vraie raison est aussi sensibilité et sentiment), et projeter l’accomplissement humain dans le social contre ces répétitions d’une idéologie de mode, d’un automatisme collectif créé par la misologie, cet antidiscours agressif, hypercapitaliste du marché. Nous sommes loin de l’amertume légitime. Car il existe de l’amertume légitime et juste,  l’amertume du sage se porte toujours sur les modes de vision et d’action, jamais sur les personnes, on se rappelle l’implacable amertume invectivante du Christ contre l’hypocrisie pharisienne. Mais le talent du moins que rien bourreau-flatteur, est de jouer à l’érostrate des valeurs pérennes et fondamentales de l’humanité, en les simulant tout en boycottant ceux qui les préconisent vraiment et les portent. 

Porter la culture à sa vocation, c’est saper l’impropriété abêtissante des pseudodiscours de réussite d’individus vendus à l’ordre dominant, c’est humaniser les individus en les rendant à la dignité de la raison dans le champ de la vie séculière, loin de l’invasion des camouflets idéologiques et surtout loin du culte autolâtre d’une ploutocratie mondiale de droit divin! C’est refuser le discours politicien messianiste ou populiste qui transforme les masses en base de mouvements électoralistes sans une vision de libération des mentalités débilitées par l’ignorance et l’extrême misère pour une politique du communautaire où la citoyenneté sera valorisée et effective, loin de la nique des élections au bulletin de vote comme illusion de pouvoir des masses. 

Tant que rien ne sera fait pour purifier la culture des scories populacières de la médiocratie médiatique et épurer les comportements sordides interindividuels et interclasses sous-tendus des interactions via les codes et raccords aussi bien invisibles qu’institutionnels de l’idéologie pour tout changer, le monde continuera d’être le lieu où le tout comme un néant se repaît de la vacuité humaine en phagocytant toute humanité dans l’insignifiance sociale. 

Que la culture rende à l’humanité, son origine, la vérité de l’homme comme entéléchie sociale de l’espèce qu’elle est appelée à être! 

CAMILLE LOTY MALEBRANCHE

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