Par Camille Loty Malebranche
L’histoire est sans doute l'une des plus graves ironies à la liberté, où les morts, littéralement, aliènent, à travers leur héritage, le sort des vivants par les liens de leurs choix indignes.
L’une des ascèses de toute liberté est sans conteste, la responsabilité, cette assumation des choix et leur conséquence. L’on comprend alors que les générations soient coupables face à leurs descendants de tout choix entravant qu’elles leur laissent en héritage. Hélas, les humains coltinent le faix pesant des choix de leurs ascendants et parfois, malgré eux, aggravent le sort de leurs descendants à venir.
Les hommes sont-ils libres quand ils doivent subir les choix insensés de leurs ancêtres, des dirigeants de l’histoire nationale ou mondiale?
Quiconque prône le culte des ancêtres sans correction de leurs erreurs et rejet de leurs horreurs est indigne de la liberté et sera coupable, responsable ignoble de violer la liberté de ses propres descendants.
Après les nécessités naturelles qui brossent le mystère de tout humain dans sa situation existentielle particulière et le rapport particulier au sens personnel en tant qu’être singulier et unique, après les grands champs des interrogations métaphysiques, la liberté des hommes, est volée par les aléas générationnels des héritages historiques. Aléas aliénants des héritages indécents et déshumanisants. Aléas sinistres des contingences humaines de la société. Nous pouvons citer parmi ces obscurs héritages contingents et lugubres, des faits bien connus de l’actualité mondiale tels: l’irresponsabilité de la plupart des aînés qui laissent un monde bondé d’armes de destruction massive; le legs d’un mode économique paupérisant par la finance qui endette les majorités de pères en fils au profit d’une infime oligarchie; le cas des générations actuelles piégées par les conséquences politiques du colonialisme; le sort des torturés du capitalisme avec ses diaboliques structures de production, de privatisation et de droit de succession; le système de consommation et la législation du travail; les aliénations politiques de la fausse démocratie au service de quelques riches, les lois scélérates et indues promulguées dans des codes séculaires, la morale hypocrite accusatrice de l’innocent et la justice de singe qui se perpétue de génération en génération.
La liberté immédiate est tellement tributaire de cette sorte de bulle invisible des choix de nos devanciers, qu’à moins de rupture avec le faire passé-présent du mode systémique de l’action collective, nulle génération ne sera libre, nul vivant ne pourra inhumer les bêtises liberticides des monstruosités ancestrales asservissantes.
Que vienne une génération vraiment nouvelle qui sait garder les vraies conquêtes des aïeux, tout en inhumant avec leur mémoire, malgré le respect et précisément pour ce respect qui se doit de corriger leur faute, toutes les entraves présentes dues à leur choix de prédécesseurs! Qu’après Dieu, l’homme en son temps, devienne le maître de son choix contemporain sans être astreint aux carcans de ses devanciers temporels! Que survienne une génération d’hommes libres qui ne soit plus serve de l’histoire et qui assume pleinement leur actualité, leur contemporanéité où aucun fardeau n’advient du passé!
Vive la libération par rapport à l’histoire pour une émancipation effective d’un présent où les hommes gardent lucidement ce qui doit être du passé que nul ni rien ne leur impose!
Vive le nouveau vraiment neuf qui n’est plus un passé-présent oppressif parce que non choisi!
CAMILLE LOTY MALEBRANCHE
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