LA DIALECTIQUE DES LIMITES CHEZ L’HOMME.

8 Février 2023

Par Camille Loty Malebranche

Toute limite qui ne relève de l’essence de l’Esprit n’est que borne, c'est-à-dire mur artificiel dressé au mental par un monde matérialiste et son flot du charnel psychologique - ce glissement dans le déni de soi de l'esprit - frappant l’humain d’aliénation métaphysique et de déchéance spirituelle.

Pour l’homme, la dignité et la projection de soi vers ce qu'il éprouve comme vocation de sa nature, constitue un objectif obligé, une nécessité de dépassement. La vie porte en elle-même un appel incessant à un accomplissement, un but, un eschaton pressenti, une visée de l’au-delà des banalités de la finitude, telle une puissance irrépressible de l’intériorité pour briser le carcan de l’ici et du maintenant! Puissance irrépressible qui implique un renversement ou à tout le moins, un déplacement voire une abolition des limites…

D’abord, au niveau somatique, nous avons à entretenir notre organisme pour maintenir et prolonger notre statut d’être vivant en satisfaisant ses besoins vitaux, tout en nous protégeant des dangers de la nature environnante. Puis, vient la dimension intellectuelle où l’homme affronte la pesanteur des limites par l’incommensurable immensité de son ignorance; là, il nous faut constamment lutter contre les formes de freinage, contourner ou briser des obstacles à la part possible du savoir... Ailleurs, bien au-delà de notre être biologique, la dimension sociale et culturelle et ses répressions sur l’homme limité dans ses possibles de liberté et d'humanisation par les monstruosités idéologiques, le poussent à s’insurger contre les souffrances et restrictions qu’imposent des structures répressives établies par les establishments contre les majorités. Enfin, c’est la dimension spirituelle de l’homme qui déjoue toutes les bornes ontologiques de l’ici et du maintenant, du temps et de la durée, mais en impose une selon sa lecture du sens: la morale de l'harmonisation de l'esprit avec sa nature. Celle-ci est le seul espace où l’esprit humain révèle une propension à sa propre limitation.

Et, si nous avons préféré dire bornes, c’est parce que toute limite qui ne relève de l’essence de l’Esprit n’est que borne, c'est-à-dire mur artificiel dressé, aliénation métaphysique et déchéance spirituelle.

Loin des mièvreries et niques de philosophes de salon ou de médias, arguant d’athéologie ou d’inamovibilité d’un ordre idéologique donné, la question essentielle de la philosophie est de savoir si de ses deux dimensions de l’esprit à la fois briseur des bornes et auto-harmonisateur des dimensions de sa nature métaphysique, l’homme peut connaître et vivre la vérité de son destin de sujet connaissant et assumer son sens ontologique malgré l’immensité du non savoir de cette existence où tant de voiles cachent la face de l’esprit. Là, seule la foi en Dieu et la spiritualité ancrée dans l’intuition de l’espace divin, propose une réponse à l’homme et préserve la conscience des lubies abyssales de l’absurde.

Pour l’homme, il n’y a en fait qu’une destinée qui est l'éternité en Dieu; le destin individuel est donc notre manière personnelle, particulière, situationnelle de répondre dans notre existence singulière à cette vocation spirituelle pour ou contre la destinée.

CAMILLE LOTY MALEBRANCHE

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