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Par Camille Loty Malebranche

(Extrait d'œuvre inédite)

                                                                                        

La définition du signe est celle d’un non être indicateur et expressif de l’être par la révélation de l’étant auquel il se rapporte. Le signe social ou idéologique constitue, quant à lui, l’habitus des individus socialisés, conditionnés pour le fonctionnement social selon les structures systémiques. Mais attention, même le signe du faux n’est jamais faux parce qu’indication vraie de la fausseté qu’il révèle. Le signe est toujours émanation de la nature des étants, fussent-ils culturels. Car comme le goût salé de l’eau de mer est le signe naturel dûment identifié de cet élément de la nature qu’est le chlorure de sodium, les éléments (faits ou choses) de la civilisation révèlent eux aussi leur nature en tant qu'artefacts humains, par les signes qu’ils nous envoient! Des signes dont nous devons apprendre la teneur en substance, la cause originaire parmi les déterminations humaines et sociales en chaque fait ou chose civilisationnel, pour en identifier le sens. Par exemple, si nous prenons un signe culturel comme la fonction de président de la république, il renvoie à la nature des états où elle existe, à l’histoire de ces sociétés, à leur vision républicaine, leur prétention démocratique ... Le signe nous envoie donc vers la gestalt dont il se dégage tout naturellement pour manifester sa présence.  

 

(Anthropologie pluridisciplinaire et épistémologique du signe)  

                                    

La sémioanthropologie est une démarche transdisciplinaire cherchant à travers un regard critique, gnoséologique de la plupart des champs de connaissances spéculatives, une voie alternative de l’homme et de la société face aux fortes structures répressives des establishments dont l’idéologie est de répandre la vision fataliste que l’homme contemporain ne peut rien contre l’horreur de son effacement. Effacement multiple où tous les supports technologiques de la communication par la presse et le multimédia manipulent les consciences et aliènent les pensées et les actions autonomes concertées qui pourraient se corser dans une relation horizontale des catégories sociales. L’étude anthropologique des signes est aussi tentative herméneutique pour l’intellection des fausses valeurs ressassées, divulguées, signifiées par les organes d’expression manipulateurs de la démocratie répressive, valeurs létales si cruellement éteignantes de l’homme. Interpréter les signes du temps de la civilisation actuelle, c’est briser le carcan de l’opacité et de l’instrumentalisation des messages d’institutions officielles dénaturatrices du sens au sein de ladite civilisation pour aliéner les hommes, institutions structuratrices de paralogismes et de contrevérités portés au sommet de l’évidence fantasque, faramineuse et factice que bricolent les spécialistes soudoyés. Ces spécialistes idéologisés et idéologues qui usent ex cathédra de leurs chaires et médias excluant la lecture autonome du réel pour toute la société.

 

La société, en tant que mitsein, est avant tout lieu de rencontre et de mise en commun des destins temporels des individus, d’où son exigence de morale. Il n’y a pas de mitsein sans morale permettant d’embrayer l’interaction et l’interlocution. L’autre doit toujours être perçu comme mon égal au moins sur le plan sinon du contenu et de l’étendue de l’interaction mais dans l’essence d’interactivité de son être en rapport à moi, en tant qu’il est cette altérité qui donne corps à la vie sociale. C’est là, la nuance entre interactivité et droit à la parole dont la démocratie abuse stupidement en octroyant conséquence et valeur aux papotages de toutes sortes pour amadouer l’électorat des partis, le fonctionnement des structures économiques commerciales et industrielles et berner les masses! La nuance en quelque soit le domaine réflexif où elle intervient, change la pesanteur de l’absolutisme et du manichéisme exclusifs en mise à la question des acquis, transforme les dogmes en objets de questionnement et remodèle la rumeur ou la superstition en information à vérifier. La nuance brise les certitudes abusives pour instaurer la quête des évidences. Car toute certitude - hormis celles du domaine spirituel et divin qui relève de la foi et auto-imposable au croyant qui l’expérimente - est haïssable. Le signe, une fois identifié, permet de connaître l'étant (action, fait, comportement...) dont il émane. Nul n’a le droit d’imposer des certitudes systémiques et institutionnelles non objectivement démontrées dans leur bien fondé pour le bien-être de chacun, à la personne humaine. Elles devraient rester intimes. Comme ceux qui croient selon ce qu’enseignent le système capitaliste que tout travail est en soi un signe de responsabilité ou de valorisation de l’homme travaillant, ceux qui soutiennent le dogme de la mondialisation du néolibéralisme comme fatalité économique des nations, ceux qui inventent des dogmes évolutionnistes au sujet du passé très peu connu des origines… devraient sinon se taire ou au moins cesser de les ériger comme vérités alors que ce ne sont que des conjectures. Pour revenir à l’autre et aux vertus de déploiement interipséitaire dans le mitsein social, dois-je dire ici, l’autre, par le sens qu’il me fait émettre comme sujet agissant, est sans doute l’un des plus sûrs complices sinon de mon propre accomplissement tout au moins de mon expression intimiste et existentielle!

 

Ce qui se nomme signe ici, est tout indice ou expression non programmé et qui émane de la structure complexe de l'action pour la perception de la conscience. Car un indice émanant de la présence quelle qu’elle soit, exprime déjà l’essence substantielle et temporelle de l’étant dont il émane. Le signe "médie" - en tant que le néologisme (médier) nous aide à qualifier tout ce qui sert de pont entre le réel et la conscience, c'est-à-dire en constitue le médiaire, selon qu'il doit être déterminé, identifié et compris. À l'inverse d'un intermédiaire conscient et autodéterminé, le médiaire qui, dans le présent ouvrage, est le signe, révèle la réalité discrète voire voilée qu'il fait advenir à la factualité. Le signe est inamovible et inchangeable, on peut le dissimuler mais on ne saurait le changer sans avoir au préalable, altéré ou changé l’étant dont il émane et révèle l’essence, alors que le symbole, très amovible, change au gré des assignateurs de sens.

 

Un même organisme peut, sans changer de nom ou en le changeant - (le nom, sauf celui de Dieu, étant symbole plutôt que signe) - se représenter par un autre logo ou symbole, alors que le signe d’un étant est intouchable même en changeant de nom! C'est donc aussi un instrument essentiel pour le passage de l'homme du stade de non-sachant au savoir. La véritable curie laïque des inquisiteurs modernes de "la connaissance" qui, au nom d'institutions de reconnaissance sociale, excommunient tout ce qui ne répond pas à l'intérêt du système politique et socio-économique en cours, implantent néanmoins une kyrielle de signes extérieurs, relevant de la pure extranéation par rapport à la nature intrinsèque, l’eidétique du savoir somme toute très limité que nous avons de l’homme comme de l’univers. Cerbères qui instaurent l’institutionnalisation par manière de validation (ce qui est juste) mais aussi malheureusement comme outil d’exclusion, goulot d’étranglement, force de dissuasion de tout importun de la connaissance qui ose défier les injustices de la société ou même être autonome par rapport à l’institution scolaire!

 

Il s'agit donc d'une proposition faite au lecteur, de parcourir ce monde de non dits et de données dans les champs du savoir et de l'action auxquels ils donnent lieu. Ce n'est qu'un ensemble d'interrogations et de suggestions proposées à l'entendement dans l'aventure du sens au fil de l’acte de la pensée, aventure, la plus immédiatement dévolue à sa triple noblesse cogitante : la méditation, la réflexion et la cognition.

 

Disons-le d’emblée : la sémiologie n’est pas une ontologie en propre car le signe est une essence seconde, un étant par procuration. En cette catégorie qu’est le signe dont la substance est celle de l’être auquel il réfère, sont hypostasiées l'empreinte de la nature dudit être et l'aventure de la saisie du sens de cette empreinte comme phénomène de l’être apparu. Il faut ici reconnaître le caractère insolite et unique sur le plan de l’être. Le signe n’existe que par le regard de l’homme qui l’identifie et l’isole artificiellement dans sa quête de compréhension et de découverte du monde. C’est d’abord un instrument heuristique, dont l’instrumentalité est fondamentale pour l’accès au phénomène des êtres ou étants. Ce n’est donc pas une étantité, une forme autonome que le signe mais une alter-entité sans identité propre.

 

La sémioanthropologie est, d'une part, l'évaluation théorique des signes par lesquels les humains dans la civilisation se représentent l'être et l'agir; elle (la sémioanthropologie) est aussi, d'autre part, la discipline identifiant les signes des faits et actes de la civilisation pour porter des hypothèses d'interprétation de l'homme à travers l'action. 

 

CAMILLE LOTY MALEBRANCHE

Copyright © Camille Loty Malebranche - blog INTELLECTION -  2011

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Tag(s) : #Monde du Concept
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