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Par Camille Loty Malebranche

 

Le verbe humain pâtit de son manque à saisir et incarner l’être, cette instance de présence et de substance, il ne peut que tenter de frapper l’intelligence et l’imaginaire par l’évocation. Et, quand le verbe renvoie à l’incarnation même du métaphysique, Dieu - ce concept référant uniquement à l'idée de l’être suprême avec ses attributs et attributions exclusives, unicité ontosémantique qui fait entrer ledit Être suprême dans l’onomastique en nom propre de la Personne Originaire et Infinie, celui de l'Être dont l’univers n’est qu'une création, un étant tributaire de son existence - il devient juste une gymnastique d’images pour faire sentir la substance en en attisant l’intuition qui est en nous.

 

Le verbe charrie l'un des deux grands blocs configuratifs qui suivent: le déictique ou l'esthétique qui englobent toutes ses dimensions ultérieures.

 

      1) Déictique.-   Le déictique est le bloc que je dirais fonctionnel-utilitaire du verbe en tant que la langue et ses niveaux et artifices de langage, est mise à contribution pour désigner le réel, transmettre des messages. C’est le vaste champ combien plural de l’usage linguistique pour les besoins innombrables des humains.   

 

    2) Esthétique.- Là, nous parlons d’esthétique en nous rappelant l"aisthêsis" grecque (sentir) que nous envisageons comme (l'action de faire percevoir, faire sentir), loin du seul fait théorique de l’étude de la production de la beauté dans l’œuvre artistique. Bien que l’artiste en général, et l’artiste du logos en particulier dont l’art est dans l’expression linguistique (poésie ou littérature), pour parvenir à faire se manifester cette chose étrange, insaisissable qu’est la beauté, doive être en forte dose de sensibilité intuitive du beau, et que, c’est seulement de cette intériorité sensible quoique non nécessairement sensorielle, il va vers la création comme un captage transmatériel allant du sentir immatériel aux vecteurs bien matériels ou à tout le moins physiques - comme le son dont il tire l'élaboration de la sonorité littéraire ou musicale - grâce au travail des matériaux de « production », pour ainsi dire, de la beauté exprimée à travers son œuvre.

 

Ce que je propose ici, n’est toutefois pas réductible à la création artistique car le bloc esthétique du langage est des plus complexes, c’est là que la symbolique entre en force et où, tout est image et évocation de l’indicible indescriptible qui vont s’efforcer de se faire comme percevoir par ce que j’appellerai les deux évidences métalangagières à la portée du locuteur orateur ou scripteur: le naturalisme et l’anthropomorphisme. Empirie naturelle et expérience de la réalité humaine sont les principales puissances de communication de la Vérité qu’il faille sentir sans jamais vraiment la poser en objet. Nous sommes ici dans l’incitation insolite à la subjectivité latente et endormie que le verbe s’efforce de réveiller à travers des images évocatrices. Comment puis-je, de mon unicité mon individuation irréductible et inajoutable, apporter quoi que ce soit d’intérieur à l’autre dans sa propre unicité?

 

Seulement en misant sur les ressemblances par delà les altérités que nous sommes.

 

Autant je suis différent et absolument l’autre de tous par mon évolution, mon histoire personnelle, mon anamnèse consciente, mes choix de vie, autant suis-je tous par les dimensions constitutives des membres de l’espèce humaine dont nous sommes.

 

Le Naturalisme

 

Le naturalisme est cosmophonique en tant qu’il met en scène l’univers qu’est la nature immédiate ou lointaine: arbres, terrain, animaux, astres.... et y fait son puisage. La nature, avec ses incommensurables influences sur nos êtres qui, somatiquement, en relèvent, est une puissance de communication, un vecteur expressif pour l’esprit à qui, elle peut effectivement faire sentir la vérité non accessible qu’on ne peut qu’éprouver intérieurement... Du plus dissipé au plus attentif des hommes, je sais que la nature de notre planète bleue et celle de la part du cosmos interstellaire accessible à nos sens, est fortement marquante et que, l'on arrive souvent à y trouver les bonnes illustrations, pour faire sentir l’imperceptible ailleurs que l’Homme porte en lui sans le savoir, sans se donner le temps de le sentir. Voilà pourquoi, tous les grands communicateurs mystiques, poétiques, scientifiques n’ont de cesse d’exploiter en pédagogues cette mine inépuisable pour toucher, émouvoir montrer, démontrer et faire sentir. 

 

L’Anthropomorphisme

 

Dans le domaine théologique et spirituel, l’anthropomorphisme est essentiel à la transmission du savoir. Sa valeur gnoséologique en spiritualité, tient de ce que l’homme - dans tout rapport à la conscience divine inconnue, celle qu'est Dieu même s'il n'est pas le Tout Autre mais l'Autre Originaire que nous portons, théophores inconscients que nous sommes - doit partir de la seule conscience dont il a au moins l’expérience immédiate: la sienne. Dangereux et déviant sur le plan affectif et dans la tendance à la substitution de la condition humaine à la Vérité Divine, l’anthropomorphisme doit être clairement perçu comme une illustration purement imaginale et imaginaire du domaine non réel mais véritable de la dimension métaphysique de l’Être. Ainsi quand je dis Père en parlant de Dieu, je dois comprendre que cela n’a rien à voir avec un père biologique ou même légitime mais renvoie à l’idée de démiurgie, de nature spirituelle issue d’un ÊTRE qui n’est qu’ESPRIT, c'est-à-dire Conscience non matérielle mais vivante et agissante. L’on sait d’ailleurs que rien n’est moins définissable que l’Esprit! D’aucuns, depuis les grecs, l’ont assimilé au souffle (pneuma), cela tient naturellement de nos privations expérimentales et nos carences langagières; car l’ÊTRE n'est pas un souffle ni un vent qui passe sauf pour nos conditions limitées d’étants fondus et enracinés dans la matière et qui n’arrivent pas à cerner verbalement la SUBSTANCE SPIRITUELLE. Si l’ESPRIT divin a créé le monde et si des esprits bons ou mauvais même inférieurs, se manifestent à des humains, c’est que ce sont des personnes bien actives qui échappent tout simplement au schème de matérialité connue et vécue par la condition humaine actuelle.

 

Ainsi, la Substance est l’autre pan de la Vérité de l’Être que malgré ses cruciaux manques, le Verbe communique à travers des subterfuges morphologiques pour contourner l’indéfini et ainsi le porter à l’éprouvement de l’Esprit conscient qu’est l’Homme.

 

Il y a le Verbe Divin éternel et incarné, Hypostase toute de Mystère que nul ne peut prétendre connaître sinon que par les révélations Divines que Dieu nous donne de Lui-même, (remarquons que le Verbe Incarné, Jésus Lui-même, a usé de naturalisme et d'anthropomorphisme, tenant compte de nos bornes matérielles et faisant face aux vices d'imperfection des langues humaines, dans l'utilisation du langage qu'Il adressait à l'humanité)! 

 

Le verbe humain quant à lui, (la parole comme l'écriture) ni essence du monde comme le logos chez les stoïciens ni étendue du substratum sensible ou intelligible, est littéralement logomorphe - c’est-à-dire forme sans contour et vecteur efficace, véhicule pertinent du possible dans l'impossible dire, l'indicible donc - pour faire cerner ou, à tout le moins, deviner, à la conscience humaine, la Vérité - Substance par delà la réalité phénoménale du monde.

 

CAMILLE LOTY MALEBRANCHE

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Tag(s) : #Monde du Concept
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