Le Prométhée damné, symbole de l'aliéné métaphysique.

6 Juillet 2023

Par Camille Loty Malebranche

Le Prométhée est l'incarnation de la dénaturation de l'aliéné métaphysique refusant d'ennaturer, rendu étranger à sa nature spirituelle par les vanités d'orgueil du charnel psychologique.

Le Prométhée voleur de feu évoque la déviance existentielle de l’homme dénaturant les attributs humains fondamentaux que sont la pensée et l’action. Le Prométhée, c'est l'homme possédé par l’orgueil dénaturé de la pensée et l'hubris de l'action, qui voudrait réinventer la nature humaine contre le Démiurge de l’humanité, il est donc normal que l'homme prométhéen en hérite d’un monde en ruines et terni de la suie produite du lumignon fumeux fuligineux inapte à éclairer! Un monde incinéré par le feu volé dont il fut incapable à assumer la lumière, et qui, à son corps défendant, s'est transformé en force destructrice et incendiaire contre l'homme lui-même et contre la prétendue civilisation que le voleur de feu prétendait créer...

Nous comprenons aisément la damnation de Prométhée attaché au Caucase où un aigle lui dévora le foie, lui, héros débile et sordide d'un orgueil à contrecourant du mystère de l'Être! Antihéros maudit en son délire d'arrogance qui voudrait réinventer l'être et recréer l'homme et la vie dont, misérable apprenti sorcier, il ignore pourtant jusqu'à l'essence! Prométhée, imposteur pitoyable d'une démiurgie dont il n'a point les clés!

Prométhée est l'aliéné métaphysique qui voudrait en sa démesure nombriliste et obsessive, ignorer que nul ne peut voler l'essence de l'être ni recréer la nature humaine, et qu'inéluctablement, seul le Créateur décide des essences car en matière de substance, l'on est ou l'on n'est pas, et c'est immuable!

La montagne damnatoire de Prométhée n’est que figuration de la fausse élévation à travers le délire de grandeur d'une humanité miséreuse loin de sa vocation spirituelle. Ô! Sinistre illusion de la fausse grandeur, qu'instille l'orgueil aliéné et dévié en arrogance primitive, au cœur corrompu de l'homme! La montagne de Prométhée n'est que tertre mortuaire où s’amoncellent les débris de la nature humaine assassinée, les défroques d’une humanité aliénée, les dépouilles de l’humain dénaturé. Les chaînes prométhéennes sont en fait toutes les servitudes humaines nées de la rage de fausse liberté chez l'homme, l'esclavage inavouable de nos indignes rejets de l'Esprit-hypostase, notre nature inviolable. Quand la révolte est indigne et portée contre le sens même de l'essence humaine de l'être humain et de sa civilisation, tout devient rebut infect de la décomposition!

Le foie de Prométhée dévoré par l’aigle, mais qui repousse sans cesse, loin d’être une quelconque « sève de la passion qui ne saurait tarir en l’homme » comme le croit Gide, est la dévoration continue de l’être de l’homme consommé par ses déviances! Consomption d’une humanité valétudinaire, malade en ses facultés ontologiques de pensée et d’action, qui, pourtant, devraient lui être tremplin de spiritualisation effective en Dieu, envol vers la déification par la fusion et non par l’abjecte révolte luciférienne prométhéenne, révolte autodestructrice des déchus caressant leur immonde déchéance. L'aigle dévorant le foie du Prométhée déchu, représente les minotaures de la déshumanisation, monstres de la dénaturation d'une humanité perdue à elle-même aux géhennes idéelles et idéologiques génératrices des fanges mentales perçues dans les pratiques d'une weltanschauung collective et individuelle sans égard ni pour Dieu ni pour la nature humaine. L'aigle tortionnaire de Prométhée est en fait l'accoutrement du vautour monstrueux qui fait de la civilisation du révolté aliéné, agissant contre sa propre nature spirituelle, violentant sa propre essence, un supplicié dévoré par les oiseaux charognards de l'orgueil et leur funeste voracité constatée dans l'histoire et l'actualité à travers les idéologies déshumanisantes et prédatrices.

Le Prométhée mythique est l’image parfaite du "démoniaque spirituel" de Kierkegaard, archétype maudit de Faust.

Les chaînes de Prométhée brisées par Héraclès, ne sont que le mirage de la liberté par la force et sans loi; délire d’une liberté anomique et agressive rêvée par l’orgueil déviant et dévié des hommes. D’où, le Prométhée soi disant libre se retrouvera en Scythie avec les scythes, dont la barbarie proverbiale réfère à l'inaptitude fruste des foules à la transcendance d'esprit. L'on appréhende le symbolisme de la Scythie comme dessèchement ontologique, privation de toute source intérieure où la vie et l'extase vers l'éternel se nourriraient!

L’on comprend alors que la liberté sans loi est une aridité existentielle, un désert de barbarie où, en leur collectivité servile, les faux libres pataugent dans l’entraliénation et l’agression réciproque, loin de toute fraternité voire de toute amitié véritable, ces denrées devenues rarissimes, telles des pierres philosophales dans la civilisation monstrueusement barbare où sévit la curieuse incohérence de leur agissement de monstres inhumains par rapport à leurs proclamations à travers des chartes et déclarations solennelles de leur moralisme légal comme pour halluciner leur humanité piétinée et absente. Là, hélas, en nos civilisations, il n'y a que les prestidigitations mensongères du langage hypocrite et sans conséquence, l'impudence discursive avec son autruche verbale, à appeler sociétés humaines, les grands amas d'individus çà et là répandus sur terre!

La liberté étant ennaturation, ancrage dans la nature spirituelle transcendante de l’homme, toute juste révolte doit être enracinement en l’Esprit qui est Essence et centre du Sens, sans quoi la liberté et ses révoltes ne seront que le feu roulant et ravageur de l’absurde!

L’Homme Prométhéen, aliéné métaphysique, suicidé inconscient, ne meurt jamais que de ses mains et de sa « liberté ».

CAMILLE LOTY MALEBRANCHE

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