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Par Camille Loty Malebranche 

 

J’ai vu la famille […] reproduire les monstres d’aujourd’hui pour les temps de demain. (*)

 

L'essence, la qualité humaine de la Famille (la "Familialité") qui se corse dans la Parentalité assumée, c'est-à-dire la communion-communication d'amour et d'élévation réciproque de ses membres, n’est ni génétique ni juridique, ces prédicats qualifiant plutôt les géniteurs et génitrices (pères et mères biologiques) dans la nécessité de la transmission des gènes, dite hérédité, tandis que le prédicat juridique s'étend également au statut des parents adoptifs par la reconnaissance légale de l'état civil. Ce qu'il convient de désigner sous l'appellation de Familialité-Parentalité, est un choix de vie, un comportement axiologique, une signifiance du mode relationnel établi et voulu par les membres de la famille. À ce stade compris, la véritable famille devient un lieu de liberté, de volonté choisissante et d’émancipation solidaire…

 

On a beau nier, réfuter l’implication ou la culpabilité immédiate de la famille dans la nocive posture sociale d’injustice, de rationalités inhumaines et terrifiantes qui agitent la société voire l’humanité, elle (la famille) n’en demeure pas moins fondamentale dans la vérité des faits humains et de la déshumanisation à l’échelle sociale et planétaire. La famille est, qu’on le veuille ou non, le moule de monstruosité qui déserte sa vocation de tremplin d’humanité dans un monde diaboliquement déviant, dénaturant, déshumanisant. Famille, cerbère impitoyable de rection de l’homme selon l’orthopédie institutionnelle! Cerbère d’autant plus monstrueux, qu’il tient du génétique, du lien de sang et donc de la nature, d’où il charrie une masse d’émotions qui annihilent la capacité de réaction de rejet chez le sujet qu’il modèle pour le monde. Et, dans un monde de perversions et de pathologies à foison, il est obvie que la famille parce que matrice conservatrice et REPRODUCTRICE, soit à la proue de toutes les sordidités qui se voient à l’échelle sociale.

 

L’influence de la famille est de loin plus directe et plus diversifiée que tout le reste des institutions idéologiques de la reproduction sociale, réunies. Autant dire que les premiers monstres tératogènes de la société immonde et du monde, sont, malgré le béat inoffensif apparent et la noblesse présumée de leurs statuts, par ignorance ou par lâcheté, par opportunisme ou par grégarité assimilatrice, les père et mère de famille. Car la famille n’est pas une institution ou une structure parmi d’autres mais le microcosme inavoué de toutes les institutions humaines. La famille coiffe, par son droit naturel sur l’individu, tous les droits idéologiques du système étatico-social. Elle est naturelle et passionnelle, émotive et possessive. La famille règne par une transcendante autorité légitime de possession de l’homme-enfant. Les autres structures: l’école pour l’apprentissage collectif; les cours pour la « justice » systémique, la police et l’armée  pour la terreur autorisée-autoritaire jusqu’au pouvoir de vie et de mort des tenants de l’État sur l’individu; l’institution religieuse pour la manipulation mystifiante de l’homme par la société, sont claires et spécifiques dans leur fonction pour la justification du bien et du mal idéologiques et donc sujettes à récrimination et dénonciation révoltée. À tout le moins, ces institutions risquent toutes d’être froidement mises en question. Mais pas la famille fondée sur les liens de sang et l'émotionnalité plurielle relevant de la "conscience génétique", conscience donc du partage de gènes semblables par ce que j'appelle le sentiment de congénité, instituée selon le fait naturel de l’hérédité et accentuée via le renouvellement de l’héritage axiologique. Ce serait tout simplement aux jugements mécaniques de la cohue sociale, impie, encourant l'excommunication! 

 

Rejet et refus du diktat idéologique à travers la famille. 

 

Point n’est ici notre but de contester le devoir de la famille, spécifiquement des parents, de créer des balises saines et des repères sains pour l’enfant non pas à élever mais à éduquer. Mais justement, faut-il que ce soient des balises et repères justes et sains, et non des obstacles et des prisons sans murs. Et surtout, faut-il que ce soit pour le développement pleinement humain et non la mise sous séquestre de la conscience et de l’esprit de l’enfant au profit d’une société, à bien des égards, abominable et injuste. Tout le dilemme est là, les parents eux-mêmes produits et sous-produits de l’ordre infâme inhumain du social, souvent inconscients et pulsionnels ou rarement conscients de l’horreur ambiante qu’ils transmettent et reproduisent, et de toute façon par couardise et pusillanimité ou encore, par réflexe de fonctionnalité au cœur de la gangue infecte d’une société somme toute décomposée, ont-ils la faculté ou la volition d’éduquer leurs rejetons plutôt que de les embringuer? 

 

Garder l’amour des nôtres, j’entends notre amour pour les nôtres, et le leur manifester pour autant qu’ils veuillent au bout des désaccords, être nos parents dans le respect de nous-mêmes et de nos visions, tout en nous prémunissant mentalement et spirituellement contre le moulage familial qui voudrait nous formater au nom de la société et du grand courant infect du monde, voilà sans doute l’un des plus rudes combats logiques et affectifs, mais aussi des plus nobles, des plus augustes que se doit l’homme au risque d’être haï par ceux qu’il aime. Éluder ou rater ce combat en cette vie où il est question de répétition et de reproduction de l’ordre du monde, c’est se rendre coupable par omission et désertion de notre vocation de créature spirituelle, consciente, libre et pensante. La cause est d’autant plus pertinente qu’elle met face-à-face la force de lappartenance, donc de la loyauté de l’homme aux siens qu’est la famille et la dignité plénière de l’individu en conquête de soi, en construction de son humanité, son statut de personne. Il s’agit ici, de l’ascension de l’individu quittant le confort et les certitudes fonctionnelles et coutumières de l’héritage familial dérivé du social où il est propriété de la société, vers les cimes de ce que j’appelle, la personnation (l’édification de soi en personne), où il se distancie de la famille et de la société pour naître à lui-même et être à même de dialoguer avec la famille et la société. Dialoguer, c'est-à-dire, s’intégrer avec mesure et en pleine conscience sans jamais être assimilé ni réifié.   

 

Naturellement, seuls les esprits au caractère fort, peuvent briser ce qui se dissimule et s’amalgame derrière l’alibi puissant (parce qu’ailleurs vrai) de l’appartenance. 

 

Conquérir notre être authentique et intelligé par la révolte-rejet de l’influence de la famille, cette matrice des déviances du monde, violente et fouettarde de ses propres descendants pour la rection sociale, est le pas à franchir au risque d'être socio-religieusement anathème, pour naître à soi-même et à l'humanité, pour être Esprit et Souveraineté.

 

(*) In YEUX DU SANG VIGIE D'ÂME, Recueil de poésie de l'auteur, 2009

 

CAMILLE LOTY MALEBRANCHE

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Tag(s) : #Monde du Concept
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