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Par Camille Loty Malebranche

 

L’actualité, au-delà de son immédiateté, est une manifestation synchronique de la conscience des classes dominantes qui régentent le sort des peuples et prennent le monde sous leur férule à telle conjoncture politique et surtout à tel stade de l’histoire ! Considérant ainsi les choses de l’histoire comme des stades imprimés au monde par le niveau d’évolution des sociétés selon l’idéologie dominante, j’affirme, en apériodiste, que ce n’est pas une période de l’histoire que notre temps - car le concept de période renvoie à l’idée fausse de coupures du temps historique - mais la face conjoncturelle de la dénaturation humaine.

 

La haine n’est rien d’autre que la propension à faire mal à autrui par détestation ciblée ou par mépris des souffrances que l’action que l’on pose, peut objectivement provoquer à autrui. La haine individuelle, cette pauvreté d’âme, cette misère ontologique, ce vide spirituel, cet abysse caractériel, est l’infliction volontaire ou impassible du mal qu’un individu généralement taré et en conflit intérieur assène à l’autre individu, son semblable. Au-delà de cette forme subjective-objective, sentimentale et active par la répulsion et la rage malfaisante des individus méchants, la haine est particulièrement caustique et délétère quand elle est d’ordre public. Elle peut alors prendre des formes diverses allant de l’indécence criminelle de compagnies privées aux actes racistes d’une armée en passant par le pillage des ressources communes subverties par la finance et accaparées par des banquiers. La haine publique émane presque toujours de choix politiques qui opèrent selon l’idéologie…

 

Les politiciens ont totalement perdu le sens du service à la collectivité qu’est le peuple, qui est censé constituer la raison d’être de la politique. En fait, en politique, déserter la mission de servir les intérêts du peuple et dénaturer les structures pour se prostituer aux oligarchies et groupuscules opulents, constitue de la trahison et de la haine publique. La haine individuelle peut être parfois irrationnelle, et est en tout cas, d’abord génératrice de souffrance contre le haineux lui-même. Quant à la haine publique, systémique ou structurelle dans l’État ou la société, elle n’est jamais irrationnelle parce qu’ancrée dans les miasmes des rationalités du profit ou de l’intérêt, de la domination et de la fatuité asservissante, de l’ostracisme et de la paupérisation dans le but d'inférioriser, de ravaler, de réifier. Dans ces circonstances, la méchanceté abjecte du haineux, projette sa saleté intérieure, sa haine, sur celui qu’il hait tout en l’accusant, lui, la victime de haine s’il se défend. Ainsi le raciste, le prédateur, l’exploiteur, ces figures éminentes de la haine publique institutionnelle de l’humanité, se joue de la logique et du sens en créant des lois et une phraséologie où ils ont toujours raison d’avance quels que soient leurs méfaits. La haine est toujours une action, une attitude, un comportement voire un agrégat de signes objectivement et agressivement dirigés par une personne physique ou morale contre les individus, les groupes et, faut-il le dire, la nation haïe et chosifiée au profit de quelques-uns. Elle est aussi dans la jungle primitive de l'international, parturiente de guerres programmées, de terrorisme mercenaire et autorisé d’État impérial belliciste qui fait la guerre directement ou la provoque en la menant par procuration sans se soucier de la détresse humaine qui en découle et que les impérialistes instrumentalisent sans état d’âme selon l’idéologie géopolitique à travers une géostratégie exterminatrice... C’est pourquoi, comme par une violence curative, la plupart des haines et des haineux ne peuvent être éradiquées que par des luttes sans merci. La haine du mal, la haine de la haine par la force visant à défendre et établir la justice est donc, quant à elle, l’amour de l’humanité.

 

À ce stade de l’évolution historique de l’humanité, je dis que les hommes de bonne volonté doivent cultiver la haine de toutes les formes de haine, c’est-à-dire la répulsion du mauvais, le refus radical du mal, en combattant les idéologies qui ont d’autres priorités que l’homme. Tout ce qui délaisse le primat de l’homme et intronise des intérêts au-dessus de la dignité humaine doit être impitoyablement ravagé. Quant aux racistes hypocrites qui jouent d’angélisme avec rouerie par des sortes de moralismes paternalistes pour neutraliser et désarçonner la lutte au système du mal et maintenir l’ordre de haine et d’injustices en accusant la véhémence de toute dénonciation de la haine comme étant elle-même de la haine, nous disons que leur manière infecte, pernicieuse, aussi vieille que le monde de leur obscénité, n’arrêtera pas la dénonciation de l’horreur. Car pour l’esclavagiste, nécessairement essentialiste, la révolte même verbale contre l’esclavagisme est un crime de lèse-essence, une abomination haineuse qui horrifie leur règne de droit divin.

 

Pour le reste, ceux qui peuvent regarder l’histoire, et sans se déprécier par complexe de culpabilité ou d’essentialisme, aller vers un autre monde plus juste, je dis que la franche coudée humaine - contre les maux dus à la haine avouée ou inavouée, directe ou institutionnellement diluée - sied bien à leur humanité, notre humanité assumée.

 

CAMILLE LOTY MALEBRANCHE

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Tag(s) : #Monde du Concept
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