Introduction-commentaire
Par Camille Loty Malebranche
Je vous invite à lire au bas de la mappemonde ci-dessous, le compte rendu 2016 d’Oxfam, sur les inégalités dans le monde, à l’occasion de ce que j’appelle le show capitaliste de Davos. Pour ma part, je refuse d’accepter que les abyssaux clivages dus à l’ordre économique entretenant l’infâme dialectique des inégalités humaines entre les pauvres privés carrément de subsistance et les riches accumulant d’inutiles milliards, soient liés à un quelconque fait spécifique du capitalisme. Non, ces inégalités qui constituent une véritable attestation de l’imbécile grossièreté d’une oligarchie mondiale diabolique et indigne de toute humanité, ne sont nullement liées à un phénomène particulier de l’économie, tels les paradis fiscaux pointés par Oxfam: il s’agit de la toxicité de l’essence même du capitalisme qui est vénale course permanente à l’accumulation, obsession acharnée aveugle de l’enrichissement, primat impassible de l’avidité et de la prédation matérialiste dédaigneusement vorace de quelques-uns aux dépens de l’humain et de la planète. C’est le capitalisme qui doit être renvoyé aux cloaques pour l’érection d’une économie communautaire enfin humaine.
Bonne Lecture
CAMILLE LOTY MALEBRANCHE
Emmanuel Tellier
A quelques jours de l'ouverture du forum économique mondial de Davos, Oxfam, l'ONG britannique, publie son enquête annuelle sur la répartition des richesses dans le monde. Des chiffres qui signent une effrayante accélération des inégalités.
Année aprés année, les militants britanniques d'Oxfam perfectionnent cet art dont ils sont déjà les pratiquants les plus émérites dans le milieu des Organisations non gouvernementales : appuyer là où ça fait mal avec un sens de la formule qui claque – et dutiming – à nul autre pareil. Rituellement, les communicants d'Oxfam (1) profitent du « World Economic Forum », le grand raout ultracapitaliste hivernal de Davos pour publier leur enquête annuelle sur la répartition (façon de parler) des richesses dans le monde. Sans surprise, les chiffres du rapport 2016 ont tout pour marquer les esprits.
Notable nouveauté : la vice-présidente d'Oxfam, Winnie Byanyima, ne se contentera pas cette fois d'un passage express par Davos pour secouer les consciences à coup de prises de parole intempestives. Non, cette année, elle sera présente en Suisse (du 20 au 23 janvier) en qualité de « coprésidente » de l'événement économique, donc très officiellement invitée à partager les observations de son organisation. Que ses hôtes soient prévenus : la porte-parole d'Oxfam débarque avec des munitions – sous forme de chiffres qui font froid dans le dos.
• 62 individus (53 hommes et 9 femmes) possèdent aujourd'hui, à eux seuls, autant de richesses que 50 % des habitants de la planète, les 3,5 milliards de personnes les plus pauvres du monde. La moitié de ces «super milliardaires» vit aux Etats-Unis.
• Il y a cinq ans, il fallait additionner les fortunes de 388 milliardaires pour arriver à la même proportion de 50 % des richesses sur terre. Ce que montre ce chiffre, c'est l'accélération d'une tendance qui voit les plus riches le devenir davantage, pendant que la moitié la plus pauvre de la population mondiale semble plus enlisée que jamais (avec même des revenus assez sérieusement en baisse).
• 1 % de la population mondiale possède davantage que les 99 % restant.Oxfam avait prévu que cette répartition terriblement simple à visualiser se concrétiserait courant 2016, mais elle est devenue réalité dès 2015. Même si plusieurs voix reprochent à Oxfam de simplifier des données statistiques complexes – comme l'expliquait l'an dernier la rubrique Les Décodeurs (sur LeMonde.fr), il s'agit de projections discutables sur la forme, mais qui mettent en lumière des tendances avérées –, ce très marquant 1% contre 99% est un des arguments rhétoriques les plus utilisés par l'organisation.
• S'il est vrai que le nombre de personnes vivant dans une « pauvreté maximale » a baissé de moitié entre 1990 et 2010, les revenus des 10 % des habitants les plus pauvres de la planète n'ont pourtant connu aucune évolution positive (ou si peu : en moyenne, trois dollars par an en plus au cours des vingt-cinq dernières années…)
• Plus de sept mille milliards de dollars détenus par les hommes et femmes les plus riches de la planète seraient placés dans des paradis fiscaux. Selon Gabriel Zucman, professeur à l'Université de Californie, si ces sommes étaient normalement imposées, ce sont 190 milliards de dollars supplémentaires que les états pourraient mobiliser – par exemple pour réduire la fracture sociale dans leur pays.
• Entre 2000 et 2014, le recours aux paradis fiscaux a littéralement explosé : quatre fois plus de sommes « placées » ou détournées. Malgré les promesses des principaux gouvernements occidentaux de s'attaquer à cette question.
• Selon Oxfam, sur dix multinationales représentées au sommet de Davos, neuf ont des actifs dans les paradis fiscaux. Winnie Byanyima, elle, parle de 188 des 200 premières entreprises mondiales. Pour l'Organisation, sans une lutte réelle contre les paradis fiscaux, l'écart entre plus riches et plus pauvres ne sera jamais réduit. C'est le message principal qu'Oxfam portera à Davos.… Avec un tout petit espoir d'être entendu ?
(1) Oxfam est un groupe d'action sociale créé en 1942 en Angleterre, à l'origine pour lutter contre les famines provoquées par la guerre.
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