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Avec le verbe "compter" nous nous trouvons en présence d'un terme intéressant dans l'usage que la langue courante en fait, notamment à travers l'emploi de diverses expressions, fréquemment rencontrées, et qui méritent d'être regardées.

Pris seul, le mot contient l'idée d'évaluation quantitative et de calcul numérique, d'opération mathématique servant à chiffrer et quantifier une certaine grandeur : "compter son argent" , "faire ses comptes", etc indique la tenue d'une comptabilité, tout simplement.
Cela posé, nous pouvons noter que le verbe suivi de différentes prépositions renvoie à quelques formules langagières dont nous avons la curiosité d'envisager la portée sémantique, relativement à l'idée première du verbe dans sa forme brute.

* "Compter sur" :


Ici l'idée de confiance ressort, ainsi que l'investissement que nous engageons à l'égard d'une personne par exemple, que nous jugeons crédible et fiable, solvable en somme. En quelques sortes, nous misons -au sens figuré s'entend le plus souvent- sur ceux dont nous disons que nous pouvons compter sur eux, au point parfois de les valoriser jusqu'à les recommander à autrui... Nous parions sur leur solidité à quelque égard, gageant qu'ils ne nous décevront pas. Dans le prolongement de cette première idée, la version de réciprocité de la confiance mutuelle que se portent les amis par exemple amène à dire qu'il est bon de pouvoir "compter les uns sur les autres" : solidarité de soutien des êtres qui se savent interdépendants pour le plus grand bien de chacun.

* "compter avec" :
Il s'agit là de prendre en compte une réalité, de l'intégrer, de l'inclure, de la paramétrer dans un ensemble plus large, en vue d'accéder à une représentation plus juste de la situation considérée. L'expression sert à désigner ce qu'il ne faut donc pas omettre d'envisager, dans un souci d'exhaustivité autant que faire ce peut, pour juger valablement quelque chose de complexe.

* "compter sans" :
Inverse de l'expression précédente, celle-ci fait comprendre que nous avons omis ou négligé la prise en considération d'une ou de donnée(e) pourtant déterminante(s) quant à la vision correcte d'un tout ; ainsi une fois constatée l'erreur de l'omission, nous nous reprenons généralement afin de réintégrer ce qui avait fait défaut dans l'analyse erronée préalable, ceci pour rectifier les choses et corriger l'approche de ce que nous cherchons à évaluer.

* "compter pour" :
Ce que suggère la présente formule , c'est le prix que nous reconnaissons à la présence ou à l'être de quelque chose, plus souvent de quelqu'un, pour soi. Ainsi avons-nous du prix aux yeux de ceux pour lesquels nous comptons, ces-derniers nous voient comme ce qui ajoute de la valeur à leur propre vie, enrichit leur rapport au monde et à eux-mêmes, voire complète leur être-même, allant jusqu'à la crainte possible de nous perdre.
Si cela ne prouve pas l' amour qu'ils nous portent (du reste celui-ci se prouve-t-il jamais ?), du moins pouvons-nous y voir la reconnaissance de notre personne , chose précieuse existentiellement afin de nous sentir confirmés dans notre inscription au sein du monde humain : chose capitale pour accéder à une vie humaine digne de ce nom !
Ce ou ceux qui ont l'impression de ne compter pour rien se trouve(ent), pour leur part, renvoyés à l'insignifiance comme dévaluation mortifère de leur être; ce qui au plan humain -socialement, psychologiquement, affectivement- équivaut à une mort avant l'heure.

Tout compte fait..... Il est donc à retenir que partant d'un aspect d'ordre quantitatif visant à énumérer au plus juste le contenu de certaines réalités , l'idée de "compter" en vient à évoquer la dimension qualitative de notre relation à notre environnement , humain surtout.


Isabelle ROUSSEL

Tag(s) : #Dossiers spéciaux, #articles et vidéos
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