L’abstrait, perception de la sensibilité et intuition définitionnelle.

Par Camille Loty Malebranche

L’abstrait est la perception intérieure, champ du sentir mental et subconscient. L’abstrait est donc en soi un monde, une dimension qui ne souffre pas d’être réduite en corrélat nécessaire du concret.


L’abstrait n’est pas un plan en creux pour l’érection du concret en relief. L’abstrait est le domaine autonome de la vision intérieure, de la sensibilité insensorielle qui s’exprime selon la logique et le langage idéels de l’esprit pleinement conscient en situation méditative, réflexive et cognitive.


Le concret, en sa nature propre, est duel en tant que schème évocateur du palpable. De fait, le concret relève soit du champ matériel soit du domaine sentimental. Car si les idées de choses ou de situations peuvent être rendues concrètes par leur réalisation matérielle, les états sentimentaux, sans être matériels, ne sont pas moins concrets en tant qu’ils se manifestent à travers les affects, les représentations et leur expression dans le comportement. D’ailleurs, les sentiments comptent parmi les appels les plus forts qui déterminent les humains. Il est de fait beaucoup plus facile de transcender le contexte logique d’une condition matérielle telle la richesse, la pauvreté, l’exil que le déclenchement pulsionnel d’un sentiment comme l’amour, la haine, le mépris...


ABSTRAIT ET VÉRITÉ


L’abstrait est une esquisse de la vérité non phénoménale, un mode de regard nouménal des essences, une manière de vision du substratum des faits et situations, des êtres et des étants. En métaphysique appliquée, là où la vision intérieure dans sa transcendance et profondeur insondable se donne à vivre à l’esprit avisé, l’abstrait ne se borne pas aux modalités des énoncés ni aux contours de la lubie langagière. L’abstrait métaphysique ne fait aucune abstraction du vivre et de l’effectivité de ses perçus immatériels et spirituels.


Précisément, seul l’abstrait dans ses voies supérieures - au dessus des platitudes du hic et du nunc où trône le concret et ses limites matérielles, sentimentales du faire dans les possibles situationnels - est vie profonde avec la révélation intérieure qui permet de vivre la vérité non réelle mais ontologique et suprême de la nature spirituelle et de ses intuitions du supracharnel supramondain, du divin et de l’infini. Et, même dans le profane des définitions logiques de la « réalité » humaine et mondaine, l’abstrait est ébauche de l’absolu qui permet l’horizon de l’idéal. Ainsi, la liberté, la bonté, la justice qui inspirent - à leur meilleur, l’humanité - sont toutes des abstraits en leur absoluité inatteignable, dont l’énonciation abstraite permet d’en éviter toute abstraction! En effet, seule l’abstraite proclamation de l’idéal enclenche la marche vers leur point de mire et les transforme en absolu à viser pour s’en rapprocher. Marche vers l’inatteignable qui fonde les axiologies mélioratives et donnent ici-bas un sens à la perfectibilité de l’homme en société… Car cette prétention au parfait, si jamais elle était désertée, sa désertion enrayerait définitivement, à jamais, l’homme social de son essence et de sa vérité d’animal humain, animal transcendant toute bestialité animale, car très hautement au-dessus de la simple animalité des bêtes…


CAMILLE LOTY MALEBRANCHE

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Comments

[Lobev]

Faut-il aussi préciser que l’exercice du libre-arbitre consiste à évoluer librement au sein d’un univers créé par lui.
Il n’est pas ici question de privation de liberté mais de création d’un contexte collectif.

[CLM.]

Oui, on ne peut être libre par rapport à sa propre essence à moins de la dénatrurer et donc de l'effacer, ce qui n'est rien d'autre que la mort! L'arbre peut-il dire qu'il n'est plus arbre mais montagne? Toute liberté humaine doit ancrer au préalable l'essence ontologique de l'homme.

[Lobev]

Le monde des idées existe vraiment en ce que ces dernières sont une émanation de l’esprit.

Dans un ancien post je partageais avec vous mes réflexions sur le néant en me fondant sur l’équation suivante :

Dieu + matière + anti-matière = Dieu + Néant = Dieu

L’hypothèse étant que la matière s’annihile au contact de l’anti-matière la réaction débouchant sur le néant originel, une manière de dire qu’à part le monde spirituel, rien n’existe.

Et que la matière sous sa forme actuelle et concrète émane du néant.

Je vous mentionnais notamment un article du CERN sur les tentatives de physiciens d’isoler un élément d’anti-matière.

Dans le film Matrix, « la réalité perçue par la plupart des humains est en fait une simulation virtuelle appelée la « Matrice », créée par des machines douées d'intelligence afin de soumettre la population humaine et de se servir de la chaleur et de l'activité électrique de leur corps comme source d'énergie. »

Pour ces esclaves leur réalité semble être la seule vérité concrète et tangible.

Leur réalité est une convention dictée à tous par la Matrice au sein d’un univers recréé par elle, et tous y croient et la tiennent pour vrai.

De même, pour le fou qui parle tout seul à un homme invisible sur la voie publique cet homme existe réellement.

En fait, il semble que l’esprit puisse être convaincu d’une réalité laquelle demeure pour lui la seule concrète et tangible.

Autrement dit, le monde matériel pourrait ne pas exister mais serait recréé par notre esprit et que quelque part nous pourrions tous être ce fou qui parle tout seul sur la voie publique.

Par une sorte de convention collective imposée à tous les esprits, cette réalité demeure un référentiel à partir duquel s’opère des interactions de toutes sortes au sein d’une existence tenue pour vraie.

Peut être l’imposition de cette réalité est le fait d’un esprit supérieur (Dieu) qui jouerait dans ce cas le rôle de la Matrice en nous offrant ce jeu collectif qu’est la vie et ce par commandement divin.

De là on comprend mieux que par sa parole, les choses se créent puisqu’elles seraient en fait une injonction à tous de se persuader collectivement d’une réalité (qui n’existerait pas en fait mais dont nous serions en fait intimement convaincus de l’existence).

La tradition juive a observé que les paroles prononcée lors de la Création du monde étaient au nombre de dix tout comme les « dix commandements ». Le Pirké Avot l’exprime ainsi :
« Par dix paroles le monde a été créé. Ne pouvait-il pas être créé par une seule parole ? Il en fut ainsi pour corriger les méchants qui détruisent le monde créé par dix paroles; et pour donner une bonne récompense aux justes qui maintiennent le monde qui a été créé par dix paroles. (Traité des pères, chapitre 5 1) »

[Lobev]

e monde des idées existe vraiment en ce que ces dernières sont une émanation de l’esprit.

Dans un ancien post je partageais avec vous mes réflexions sur le néant en me fondant sur l’équation suivante :

Dieu + matière + anti-matière = Dieu + Néant = Dieu

L’hypothèse étant que la matière s’annihile au contact de l’anti-matière la réaction débouchant sur le néant originel, une manière de dire qu’à part le monde spirituel, rien n’existe.

Et que la matière sous sa forme actuelle et concrète émane du néant.

Je vous mentionnais notamment un article du CERN sur les tentatives de physiciens d’isoler un élément d’anti-matière.

Dans le film Matrix, « la réalité perçue par la plupart des humains est en fait une simulation virtuelle appelée la « Matrice », créée par des machines douées d'intelligence afin de soumettre la population humaine et de se servir de la chaleur et de l'activité électrique de leur corps comme source d'énergie. »

Pour ces esclaves leur réalité semble être la seule vérité concrète et tangible.

Leur réalité est une convention dictée à tous par la Matrice au sein d’un univers recréé par elle, et tous y croient et la tiennent pour vrai.

De même, pour le fou qui parle tout seul à un homme invisible sur la voie publique cet homme existe réellement.

En fait, il semble que l’esprit puisse être convaincu d’une réalité laquelle demeure pour lui la seule concrète et tangible.

Autrement dit, le monde matériel pourrait ne pas exister mais serait recréé par notre esprit et que quelque part nous pourrions tous être ce fou qui parle tout seul sur la voie publique.

Par une sorte de convention collective imposée à tous les esprits, cette réalité demeure un référentiel à partir duquel s’opère des interactions de toutes sortes au sein d’une existence tenue pour vraie.

Peut être l’imposition de cette réalité est le fait d’un esprit supérieur (Dieu) qui jouerait dans ce cas le rôle de la Matrice en nous offrant ce jeu collectif qu’est la vie et ce par commandement divin.

De là on comprend mieux que par sa parole, les choses se créent puisqu’elles seraient en fait une injonction à tous de se persuader collectivement d’une réalité (qui n’existerait pas en fait mais dont nous serions en fait intimement convaincus de l’existence).

La tradition juive a observé que les paroles prononcée lors de la Création du monde étaient au nombre de dix tout comme les « dix commandements ». Le Pirké Avot l’exprime ainsi :
« Par dix paroles le monde a été créé. Ne pouvait-il pas être créé par une seule parole ? Il en fut ainsi pour corriger les méchants qui détruisent le monde créé par dix paroles; et pour donner une bonne récompense aux justes qui maintiennent le monde qui a été créé par dix paroles. (Traité des pères, chapitre 5 1) »

[Lobev]

Contente aussi de vous lire.
En fait, je lis (et relis) souvent vos écrits.
Vous n'êtes pas délaissé c'est juste que je ne croie pas avoir assez de vies pour mener à bien tous mes "chantiers".
Bien à vous mon ami philosophe.

[CLM.]

Content de vous lire, chère Lobev. Vous m'avez manqué ces temps-ci! Vous êtes une amie à qui je me suis habitué!
Bon, pour Dieu, toute tentative définitionnelle, est vaine! Il est au-dessus même de l'Être, puisqu'il en est le Principe en tant que Seul Créateur or l'Être est le vaste Créé.